Au programme : Oeuvres de 3 compositeurs tchèques organistes (Dvorak, Janacek, Eben) autour de la Messe en ré majeur op 86 pour Orgue et Choeur d’Antonin Dvorak. Michel Bourcier, Orgue Gilles Ragon, Ténor Ensemble Vocal de Nantes, direction Gilles Ragon
Pourquoi ce programme tchèque ? Les musiciens tchèques ont été de grands contributeurs de la musique européenne. Du moyen-âge au baroque, les troubadours d’abord, puis les musiciens de Bohème, ont souvent parcouru les cours européennes, s’intégrant dans les ensembles, puis les orchestres, s’adaptant au style de leurs hôtes, important peu à peu leur particularisme slave. Prague plaque tournante de la musique européenne. Au temps du classique – grâce au rayonnement musical dejà établi de la cour de Dresde à l’époque baroque ( Johan David Heinichen et son assistant Jan Dismas Zelenka) qui trouvera son aboutissement dans l’Ecole de Mannheim – Prague est devenue une véritable capitale musicale, sorte de plaque tournante que se devaient de visiter nombre de musiciens : parmi les plus illustres, Mozart, qui y créa plusieurs de ses œuvres, opéras et symphonies. Cette situation perdurera durant tout le 19ème siècle : c’est ainsi que le conservatoire de Prague (fondé en 1811) attire nombre de grands noms comme Paganini, Carl Maria von Weber, Liszt, Berlioz . Le musicien de Bohème est un musicien voyageur. Tout au long de ces années, de nombreux musiciens tchèques s’expatrient pour des raisons économiques (Jan Václav Stamic (1717-1757 compositeur de musique symphonique et violoniste virtuose, fondateur de « l'École de Mannheim ») ; Josef Mysliveček -1737-1781, compositeur d’opéra à l’italienne surnommé Il divino Boemo ( le divin Tchèque ) ; Antonín Rejcha -1770-1836- compositeur de musique de chambre (quintette à vent), qui enseigna à Paris et dont Hector Berlioz fut un des élèves. La musique tchèque, elle, s’inspire de plus en plus du folklore bohémien. C’est alors qu’apparaît Bedřich Smetana (1824-1884), compositeur sourd (à 50 ans) qui écrit Ma patrie, Vyšehrad, Šárka, Tábor, la Moldau, Des prairies et des bois tchèques, Blaník.
Lui succède Antonín Dvořák (1841-1904) véritable héritier de l’histoire des musiciens tchéques. Antonin Dvorack est peut être, en effet, l'un des meilleurs exemples du musicien de Bohème : Il a voyagé souvent en Europe, principalement à Paris et à Londres, entretenant nombre d’amitiés avec les musiciens, jusqu’au Etats-Unis où il fut directeur du conservatoire de New-York pendant 4 ans, avant de revenir finir sa vie à Prague. La Messe en Ré majeur ( Op 86). Outre la « Symphonie du Nouveau Monde » et le « Stabat Mater », et plus de 10 opéras, dont Rusalka (« l'Ondine »), Antonin Dvorack écrit de nombreuses œuvres dont « la Messe en ré majeur (op 86) » initialement composée pour chœur et orgue. Cette oeuvre, écrite par un Dvořack lui-même organiste, est remarquable pour son équilibre, (chœur/orgue/solistes) laissant émerger un côté plus intime de l’écriture, moins saint-sulpicien que la version pour orchestre écrite par Dvorack par la suite. Cette messe a été créée en 1887 pour l’orgue de la nouvelle chapelle du château de l’architecte Josef Hlavka à Luzany.
Leos Janacek (1854-1928) fait ses études à Brno. Il y fondera une école d’orgue qui deviendra le conservatoire. Chez Janacek, le langage élaboré prend ses sources dans la culture traditionnelle, ce qui en fait un musicien au final très accessible. Très attaché à la culture tchèque, il a récolté, pris en note et harmonisé, tout au long de sa vie, nombre de chants populaires dont ceux que nous avons choisis pour ce programme : « Pisen ejveni » (chant d’automne), le célèbre « Kacena Divoka » (le canard sauvage) et « Nase pisen » (notre chant).
Petr Eben (1929-2007), peu connu du grand public, est un des compositeurs les plus prolifiques de la République Tchèque. Il est interné dans les camps de concentration nazis à l’ âge de 15 ans. C’est peut-être pour cette raison qu’il restera quelqu’un d’engagé politiquement et culturellement dans son pays. Organiste, il a parcouru le monde grâce à ses talents de concertiste. Il a beaucoup composé de musique liturgique, musique de chambre, opéra, ainsi que des pièces pour enfants. L’orgue occupe dans ses œuvres une place de choix.
« Spiritus Mundum Adunans » Petr EBEN
« Kacena Divoka » JANACEK Messe en ré majeur op 86 DVORAK « Agnus Dei »